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La doctorante Calixte ENGELBERG (EHESS-CMH/ Institut Lyfe) rejoint le groupe SOLAL

Calixte ENGELBERG est inscrite en thèse sous la direction de Séverine Gojard depuis décembre 2023 et travaille sur les conditions sociales du renouvellement du répertoire alimentaire et le cas des algues.

Pourrais-tu résumer ton sujet d’étude et ses enjeux ?
Comment un nouvel ingrédient que l’on a pas l’habitude de consommer intègre-t-il nos placards de cuisine ? Cette question soulève d’emblée plusieurs aspects concernant l’évolution des habitudes alimentaires. Les raisons poussant à modifier ses pratiques quotidiennes peuvent être nombreuses : gain de temps dans un emploi du temps serré qui pousserait à consommer des plats préparés ; proximité des magasins menant à consommer tel ou tel produit ; désir de consommer autrement (bio, végétarien, végane, local…). Concernant ce dernier aspect, les défis posés par le changement climatique vis-à-vis de l’alimentation peuvent influencer les pratiques alimentaires vers ce que l’on estime être mieux pour la planète, mais aussi pour notre santé. L’impact de l’alimentation sur la santé peut, en effet, jouer un rôle dans le changement de pratiques alimentaires avec la popularité de médecines alternatives comme la naturopathie.
Les algues présentent d’apparentes qualités nutritionnelles importantes : on retrouve dans leur composition de nombreuses vitamines, protéines et minéraux essentiels. La recherche scientifique est toutefois toujours en cours afin de savoir si ces nutriments sont synthétisés par le corps humain à la consommation. Elles sont reconnues pour leur goût incomparable et varié selon l’espèce consommée, ainsi que pour leur texture spécifique. Les algues poussent sur les côtes françaises naturellement, sans besoin de pesticide, d’engrais ou d’eau douce. Elles peuvent donc être consommées pour améliorer sa santé, pour manger local ou simplement pour varier son alimentation en termes de goût. Enfin, elles sont utilisées comme ingrédient dans la cuisine gastronomique depuis les années 80, avec une plus grande popularisation depuis les années 2000. Aujourd’hui, mes questions de recherche sont les suivantes : Quelle place prennent les algues dans les régimes alimentaires des consommateurices en France ? Dans quelle mesure cela est-il en lien avec un engagement vers des pratiques plus durables ?

Quelle place les enjeux alimentaires prennent-ils dans tes questionnements ?
Mes questionnements touchent à la thématique de la transition alimentaire dans le cadre du changement climatique. Mes questions de recherche incluent également des questionnements sur la valeur culturelle des aliments que l’on consomme. Par exemple, nous avons toutes et tous entendu, il y a quelques années, un discours prédisant le remplacement de la viande animale par celle des insectes pour des raisons écologiques et nutritives. Pour autant, les insectes n’ont pas pris d’importance dans nos régimes alimentaires, contrairement aux alternatives végétales de produits animaux (pavés végétariens imitant le steak haché ou saucisses véganes par exemple) Même si elles restent très minoritaires dans nos consommations, ces alternatives ont fait leur apparition dans les moyennes et grandes surfaces. Qu’est-ce qui fait qu’un aliment qui ne fait pas partie de notre référentiel alimentaire, peut y être inclus ? Nous avons aussi l’exemple du sushi japonais, dont le poisson cru n’aurait pas été consommé par les occidentaux il y a une cinquantaine d’années, mais qui est un plat très populaire aujourd’hui. Il s’agit donc de mettre au jour qu’est-ce qui, culturellement, permet à un aliment de passer du cadre du non mangeable à celui du mangeable, tout en gardant à l’esprit l’enjeu de la transition alimentaire vers un modèle plus respectueux de l’environnement.

Qu’est-ce qui t’a conduit à ce sujet ?
Dans le cadre de mon master en ethnologie, je me suis intéressée de près à l’alimentation. En master 1, j’ai travaillé sur l’alimentation des personnes vietnamienne en France afin de montrer en quoi celle-ci pouvait être productrice de liens sociaux, notamment grâce aux moments de célébrations comme le Têt (nouvel an lunaire) mais aussi à travers des événements plus récurrents comme le repas familial. Ma recherche de master 2 quant à elle portait sur les dynamiques patrimoniales autour de la production d’huile d’olive dans les Alpes-de-Haute-Provence. Dans les deux cas, j’avais mené des enquêtes ethnographiques pour ma recherche. Je souhaitais continuer en thèse sur un sujet en lien avec les transitions alimentaires, toujours d’un point de vue socio-anthropologique, alors je me suis rapprochée de l’Institut Lyfe (ex-Institut Paul Bocuse) et de l’équipe de recherche en sciences sociales qui est axée sur cette thématique. C’est ainsi que j’ai eu vent de cette offre de thèse sur les algues qui m’a tout de suite intéressée.

Comment envisages-tu ton enquête ?
J’ai décidé de commencer mon enquête auprès des personnes qui consomment déjà des algues ou qui y sont sensibilisées afin de retracer le chemin qui les y a menées. Pour cela, j’ai passé du temps auprès d’une productrice du Finistère afin de mieux connaître le produit et ses enjeux, mais aussi de rencontrer des consommateurices dans sa boutique. J’ai passé une semaine chez elle où j’ai pu faire beaucoup d’observations, notamment lors des ateliers de cuisine ou les sorties découvertes algues sur la plage. J’ai fait d’autres sorties avec d’autres personnes sur les plages afin de multiplier les expériences et les points de vue. Je compte recruter d’autres personnes en milieu urbain éloigné des lieux de production, comme dans la métropole lyonnaise où je réside, afin de confronter les discours. Je compte aussi rencontrer des professionnels du domaine culinaire lors d’une formation à la cuisine aux algues destinée aux pros. Cela me permettra d’intégrer les cuisinier∙es dans la transition alimentaire ainsi que leur influence sur la consommation des individus.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Anne Lhuissier (8 décembre 2024). La doctorante Calixte ENGELBERG (EHESS-CMH/ Institut Lyfe) rejoint le groupe SOLAL. SOLAL. Consulté le 6 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12v96


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